Entre deux confinements (double soupir!), il y a eu ce moment bénit où j’ai pu prendre la route de la Côte-Nord pour me rendre au-delà du 50e parallèle. Un moment s’étendant sur 10 jours où la fameuse route 138 a semblé m’appartenir à moi toute seule et où la liberté d’aller et venir à ma guise (ah la vanlife !) a su me ramener à l’essentiel. Je vous invite à plonger dans mon album photos de ce périple composé de moments en nature, de rafales du large en plein visage, de rencontres marquantes, de kilomètres avalés en fourgonnette ou à vélo et de paysages rendant fiers immensément d’être Québécois.

Raguenau. Crédit : Sarah-Émilie Nault

Ragueneau

Mon périple a débuté à Ragueneau où j’ai passé ma première nuit en fourgonnette, à deux pas du sentier de la Fascine. Là où, au petit matin, la mini randonnée dans la forêt boréale allait me mener à d’époustouflants points de vue sur le fleuve et une belle suite de rochers. Ce fut aussi le lieu de rencontre de Mamielyne et de son mari, rencontre marquante s’il en est une que je raconte plus en détail dans mon billet précédent.

Baie-Comeau

J’ai mangé au bord du fleuve sur le site du phare de Pointe-des-Monts superbement planté sur de larges rochers, goûté aux bières artisanales de la microbrasserie St-Pancrace, marché sur la plage de la rue Champlain à marée basse puis suis revenue terminer ce magnifique voyage en regardant le soleil se coucher depuis la plage dorée du Parc Nature de Pointe-aux-Outardes.   

Port-Cartier

Ville de passage pour certains, mais lieu rempli de beaux souvenirs pour moi qui ai pris un moment à Port-Cartier pour, entre autres choses, me balader sur la plage malgré la pluie et faire de la randonnée au bord de l’eau dans les sentiers du parc tranquille de la Taïga sur l’île Patterson.

Sept-Îles 

C’est à Sept-Îles que j’ai enfin pu enfourcher mon vélo et me délier les jambes en partant en balade à travers la ville, jusqu’au bord de l’eau. J’y ai emprunté la longue piste cyclable menant au port, à la marina et à sa plage en plein cœur de la ville. J’ai pu « voir de mes yeux » le Hermel – le bateau de Mylène Paquette pour sa traversée de l’Atlantique Nord à la rame en solitaire (il est exposé au kiosque d’interprétation de l’Archipel), j’ai pris un verre au café bar Edgar et à la microbrasserie La compagnie et j’ai rencontré une bande de joyeux habitants aux histoires fascinantes qui jouaient aux cartes sur le quai. « Revenez dans 2 ans, nous serons encore là », m’a lancé en riant l’une des femmes, ancienne globe-trotteuse revenue vivre ses années de retraite dans sa Côte-Nord natale. 

Havre-Saint-Pierre 

En direction d’Havre-Saint-Pierre, en Minganie, j’ai décidé de m’arrêter pour faire la petite randonnée menant à la chute de la rivière Manitou, haute de 35 mètres. À Havre-Saint-Pierre, des arrêts à la microdistillerie Puyjalon et au fameux restaurant de fruits de mer Chez Julie s’imposaient. Le 5 à 7 sur la plage fut tout simplement parfait.  

Réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan et Longue-Pointe-de-Mingan

Il y aurait tant à dire sur ces deux jours de découvertes passées dans l’Archipel de Mingan. Je vais laisser parler les images de ces lieux somptueux faisant désormais partie des endroits les plus impressionnants que j’ai pu voir dans ma vie de voyageuse : l’île Quarry, sa tourbière, sa forêt aux allures magiques et ses légendaires monolithes, l’île Niapiskau et sa dame de calcaire, puis la Longue-Pointe-Mingan abritant l’île aux perroquets (ses macareux moine, sa station de phare et ses deux maisons auberges) et l’île Nue, ma préférée, avec ses monolithes grisâtres façonnés par les marées et ses paysages rappelant l’Arctique. 

Baie-Johan-Beetz

Tout près de ce minuscule village, on trouve l’entrée du sentier de randonnée menant à l’impressionnante chute Quétachou.  En le parcourant, on traverse une forêt d’épinette noire ainsi qu’une végétation de type toundra, des bleuets et de la chicoutai. On y découvre aussi les œuvres de neuf artistes nord-côtier qui ont mis leur créativité à profit pour embellir le secteur ravagé par les flammes à l’été 2013.

Natashquan

Presque tout était fermé lors de mon passage dans le Natashquan de Gilles Vigneault, fin de saison oblige. J’en ai profité pour marcher sur la plage près des fameux galets (ces petites maisons au bord de l’eau anciennement utilisées pour le séchage des poissons) et rouler à vélo aux alentours de l’église, tout près des rochers orangés et jusqu’à la vieille école.  

Kegaska : le bout de la Route 138

1 300 kilomètres et quelques poussières plus tard – depuis Montréal – j’ai atteint avec émotion le petit village de Kegaska se dressant au bord de l’eau, tout au bout de la mythique route 138. Là, sous la pluie et à travers le grand vent du large, il m’a semblé que la fatigue de ces nombreuses heures de route avaient soudainement été balayée par les bourrasques salées. Et qu’au moment où je demandais à un inconnu de me prendre en photo, assise devant ce fameux panneau FIN recouvert de graffitis et d’autocollants, il y avait quelque chose qui commençait juste pour moi.