L’humain est fait pour bouger. Dans un passé pas si lointain, combler les besoins de base était très énergivore. Aujourd’hui, ceux-ci sont comblés facilement et sans effort. Dans cet ordre d’idée, les occasions de bouger dans notre quotidien se sont largement réduites : déplacement en voiture, ascenseur dans les immeubles remplaçant les escaliers, travail en position assise et sédentaire, télévision, ordinateur et j’en passe. Il est donc devenu nécessaire « d’ajouter » dans son quotidien des périodes d’activité physique afin de combler les besoins en dépense énergétique. 

Or, pour plusieurs, les activités sportives constituent un fardeau et sont difficilement ancrées dans leur mode de vie. Les principales raisons évoquées sont souvent le manque de temps, l’inaccessibilité à des installations et le manque de motivation. Les derniers mois ont pu en décourager plus d’un en ce qui a trait à l’exercice. Avec la fermeture de tous les centres d’entrainement et des studios, il est vrai que l’accessibilité au sport était plutôt restreinte. Seules les activités extérieures comme le vélo, la marche et la course pouvaient poursuivre leur cours. Or, ce n’est pas toujours évident de trouver la motivation pour s’entraîner à la course à pied. Nombreux sont les coureurs qui trouvent la motivation dans les courses où ils peuvent se comparer par rapport à eux-mêmes, mais également par rapport aux autres. Cette soif de toujours performer mieux, courir plus vite en motive plus d’un. Dans un contexte où les courses populaires tombent comme des mouches, comment garder la motivation ?

Tout d’abord, je crois qu’il faut revenir à l’essence de la course. La course, ce n’est pas une course. Il n’y a pas de mauvaises performances, de distances trop courtes ou trop longues. Courir, à la base, c’est un moyen de locomotion qui permet de se rendre d’un point A au point B, et ce, plus rapidement qu’à la marche. Selon Le Petit Robert, courir signifie « se déplacer par une suite d’élans, en reposant alternativement le corps sur l’une puis l’autre jambe, et à une allure […] plus rapide que la marche. » Ainsi, par son mouvement cyclique, les pas s’enchaînent un après l’autre, ce qui a pour effet d’entrer dans une zone d’apaisement, voire de méditation. Pendant un jogging, il est possible de se libérer du stress de la vie quotidienne pour 30 minutes, 60 minutes ou plus.

En plus du bien-être psychologique, la course entraîne une sensation de bien-être physique. Une fois terminé, un exercice d’intensité modérée à élevée telle que la course provoque la libération de plusieurs hormones, dont l’endorphine, celle qui est surnommée l’ »hormone du bonheur ». En plus de ses propriétés anxiolytiques (diminution du stress), les endorphines ont des effets analgésiques sur le corps. Elles permettent de diminuer la sensation de douleurs physiques en se fixant aux récepteurs spécifiques pour la transmission de la douleur. De cette manière, l’influx nerveux est bloqué et l’ampleur des douleurs est réduite.

Enfin, la course constitue une bonne excuse pour sortir dehors et de prendre l’air. Le contact avec la nature est non négligeable sur la santé. Bien que l’endorphine soit sécrétée en réponse à un exercice intense, la sécrétion est amplifiée par le rayonnement UV. Des études britanniques ont démontré que des effets positifs sur la santé et sur le bien-être étaient associés à une exposition de plus de 120 minutes par semaine en nature. Le Dr Mat White et ses collègues[1] de l’École de médecine de l’Université d’Exeter ont constaté les bienfaits sur une diversité de populations : tant chez les hommes que les femmes, les jeunes que les plus âgées, les différents groupes sociaux et ethniques et même chez les gens qui ont des maladies ou des incapacités de longues durées.

Il y a donc plusieurs bonnes raisons de pratiquer la course à pied et ce, même quotidiennement. Évidemment, les effets mentionnés sont plutôt subtils par rapport à la montée d’adrénaline ressentie lors d’une compétition. Mais en y portant une attention, il peut être plus facile de les détecter et de s’en satisfaire. Incontestablement, en période de non-compétition, il faut savoir adapter ses entraînements. Ceux-ci seront moins spécifiques et plus généraux. C’est l’occasion idéale de se concentrer sur des améliorations techniques qui, avec un calendrier de compétitions chargées, seraient moins faciles à travailler. Bref, je crois qu’il faut fixer ses objectifs au-delà de la compétition et laisser la place aux belles surprises.

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[1] White, M.P., Alcock, I., Grellier, J. et al. Spending at least 120 minutes a week in nature is associated with good health and wellbeing. Sci Rep 9, 7730 (2019). https://doi.org/10.1038/s41598-019-44097-3