À prime abord, on s’inscrit sur un réseau de rencontres pour rencontrer, sinon l’amour de sa vie, à tout le moins des personnes qui élargiront notre cercle d’amis.es. C’est donc dire qu’on se croit disponible pour ces rencontres. Dans les faits, je me suis questionnée sur la disponibilité réelle que l’on a parfois pour la rencontre à l’autre. Si la disponibilité se définit par « être disponible », le mot disponible signifie : « ne pas être occupé, être dégagé, être à la disposition de ». En macérant un peu ce terme, j’ai décliné différentes facettes de cette disponibilité à rencontrer l’autre. Tout à fait de mon cru, je vous les partage.

1. La disponibilité temporelle
Quelle disponibilité ai-je dans mon emploi du temps pour toi que je souhaite intégrer à ma vie et qui souhaite intégrer la mienne ? 

La première disponibilité, très terre à terre, est une disponibilité temporelle. Dans ce monde où nos agendas sont remplis, nos emplois du temps (sur)chargés, avons-nous le temps d’aller à la rencontre l’un de l’autre ? Car bien honnêtement, la simple tâche de regarder quelques profils, et d’en prendre connaissance, prend du temps. Cela demeure un temps librement défini dans l’agenda de chacun, cette consultation peut même se faire de nuit ! Vient ensuite la nécessaire exploration de l’un et de l’autre par quelques échanges courriels, textos, conversations téléphoniques ou zoom.
Là, cependant, des blocs horaires qui conviennent aux deux acteurs sont sollicités. Bien concrètement, une faible disponibilité temporelle peut signifier escamoter l’examen des profils et n’engager que des échanges superficiels peu satisfaisants pour les deux parties. Difficile de se trouver des atomes crochus quand les échanges sont du style « Désolé.e, je travaille beaucoup, je n’ai pas le temps pour écrire » « C’est correct, je n’aime pas écrire » « Moi, je n’aime pas le téléphone et je n’ai pas le temps d’une rencontre non plus ». Je caricature, mais je suis certaine que si vous avez le moindrement échangé sur les réseaux, vous avez vécu ces scénarios.

Le but de participer à un réseau de rencontres est de rencontrer. Éventuellement, il faudra donc planifier et tenir, une ou des rencontres en personne. La question à se poser : comment « fitter » cette date dans l’agenda et lui donner l’espace et l’attention pour vivre une vraie rencontre et possiblement devenir amis, amants, amoureux ?
Entre le travail, les loisirs, les enfants, les amis, le quotidien et, pour de nombreuses personnes de 50+, les soins aux personnes aînées et les petits-enfants, trouver un bloc horaire commun pour cette rencontre requiert de la créativité, de l’imagination et de la bonne volonté ! Au-delà de cette première rencontre, si le désir de se connaitre est au rendez-vous, il faudra avoir le temps pour une deuxième, une troisième rencontre, et ce n’est qu’un début.

2. La disponibilité envers soi
Suis-je assez solidement connecté.e à moi-même, pour accueillir ce qu’il adviendra de mes rencontres (ou non-rencontres) sans me déprécier, ni me juger?

Souvenez-vous, ces réflexions sont de mon cru. Les termes sont donc co-construits. J’ai nommé cette disponibilité, une disponibilité envers soi-même. Il s’agit ici de se demander « Jusqu’à quel point je me connais suffisamment, je suis suffisamment connecté.e à moi-même et suffisamment solide pour être disponible à ce que je ressentirai dans ma rencontre, ou non-rencontre, avec l’autre? ». Par exemple, sommes-nous capables d’encaisser les non-réponses à nos messages, les « rejets », c’est-à-dire ceux à qui l’on ne plaît pas et qui le disent, poliment ou plus sèchement, les conversations cul-de-sac, etc. sans y laisser sa confiance en soi et sa flamme ? Sans perdre son essence, ce qui fait que nous sommes qui nous sommes ?

Plusieurs amis.es me le confirment, il faut être solidement ancré.e en soi-même, pour composer avec le bon et le moins bon des réseaux. Personnellement, je tends à percevoir chaque message que j’écris à l’autre comme un moment de rencontre avec moi-même. Ainsi, l’absence de réponse n’est pas un « échec » de rencontre, je n’ai pas « perdu mon temps » car j’ai déjà appris quelque chose sur moi, en prenant le temps de réfléchir à mon message. Des exemples ? Je peux apprendre que je suis intéressée (ou non) par telle activité, que telle musique me touche ou, encore, que je partage cette valeur avec mon correspondant. J’apprends aussi quelque chose sur l’autre. Comme il ne me connaît pas, son silence parle de sa difficulté à dire non avec élégance ou de sa propension à juger un profil sans tenter de rencontrer qui s’y cache derrière, donc de « qui il est », beaucoup plus que « de qui je suis ». Un peu comme Beau Dommage, je me dis « Échappée belle » car qui tient vraiment à tisser un fil, même d’amitié, avec une personne qui n’a pas la politesse de répondre à un message ?

3. La disponibilité affective
Suis-je disponible à faire confiance, à prendre le risque de troubler et d’être troublé.e par la rencontre, à découvrir et me laisser découvrir ?

Nous avons peut-être le temps, une belle estime de soi, mais sommes-nous disponible affectivement pour rencontrer l’autre ? Nos histoires antérieures sont-elles nichées confortablement dans un recoin de notre cœur et de nos souvenirs, de sorte à ouvrir de l’espace pour cette rencontre ? L’engrenage de la rencontre sera abordé dans un prochain texte, mais quelques questions peuvent déjà guider nos réflexions. Alors que précédemment la question était de savoir si je me connais assez pour ME faire confiance ? Maintenant il s’agit de se demander si on est disponible à faire confiance à l’autre, à prendre le risque de troubler et d’être troublé.e par la rencontre, à découvrir l’autre et se laisser découvrir sachant qu’il/elle entrera dans notre vie à son rythme, avec ses qualités, ses défauts, ses attentes et ses besoins ? Et que l’on devra partager nos attentes et nos besoins. Suis-je prêt.e à donner du temps au temps, sachant que tout comme l’on ne peut tirer sur une fleur pour la faire pousser plus vite, une relation évoluera, ou non, de notre rencontre avec l’autre et ce, à son propre rythme.

4. La disponibilité sexuelle et intime
Comment accueillir notre premier baiser, notre premier toucher, nos premiers dévoilements en apprivoisant qui est l’autre, en m’ouvrant et en confiant qui je suis, afin que nos premières fois laissent leurs propres empreintes dans notre histoire ?

J’ai sciemment mis cette disponibilité en quatrième position dans ma liste. Non pas car elle est moins importante que les autres, mais parce que j’ai l’impression qu’on peut être disponible pour une rencontre à caractère sexuel sans avoir de réelle disponibilité affective ou intime, ou sans se connaître suffisamment pour en envisager toutes les répercussions. Cette disponibilité invite donc à se questionner sur notre ouverture à la rencontre physique et sexuelle et au degré d’intimité qu’on est en mesure de partager dans cet espace. Des questions peuvent inspirer la réflexion. Certaines portent sur notre confort avec le corps de l’autre et bien sûr sur notre rapport à notre propre corps, à quel point on est à l’aise avec celui-ci, avec le fait de se dénuder dans tous les sens du terme. D’autres questions portent sur notre histoire : qui d’autre sera présent dans le lit avec et entre nous ? Quelle empreinte ces personnes ont-elles laissée sur notre corps, notre âme, notre capacité d’abandon, de confiance, sur notre vision de la sexualité et du plaisir ? Sommes-nous suffisamment à l’aise avec l’autre pour parler de nos fantômes, pour apprivoiser les siens en leur donnant une place, mais pas toute la place ? Car comment se donner physiquement et intimement à l’autre, si le corps, l’esprit, l’âme sont toujours habités par le souvenir d’un.e autre sans que ceci soit nommé ?

5. La disponibilité familiale
Quel est l’espace dans nos scénarios de vie pour une rencontre entre toi et moi, inclusive (ou non) de nos familles respectives ?

Une forme de disponibilité qui semble anecdotique, mais qui s’avère importante au fil du temps pose la question de la disponibilité familiale. Je perçois celle-ci selon différents angles.
Le premier : jusqu’à quel point sommes-nous disponibles (et disposés) à intégrer quelqu’un au sein de notre famille ? Y-a-t-il de la place dans nos scénarios de vie pour des rencontres familiales qui inclut l’autre ? Comment sommes-nous prêts à faciliter ces rencontres, ou encore gérer les heurts qui peuvent survenir ?

Le deuxième : jusqu’à quel point sommes-nous disponibles (et disposés) à nous intégrer au sein de la famille de l’autre ? Est-ce que l’on voit nos vies familiales se déroulant en parallèles, du style chacun voit ses propres enfants à Noël, ou est-ce que la possibilité de tisser des liens serrés les uns avec les autres est envisagée et réalisable ?
Le bagage que chacun apporte d’une relation à l’autre influera sur cette disponibilité. Alors que certaines personnes sont confortables à présenter leur nouvelle fréquentation à leurs proches très rapidement, d’autres adoptent un autre rythme, parfois avec des balises très claires en termes de temps de fréquentation. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. Simplement des attentes à partager et à respecter.

Un troisième angle de disponibilité familiale est celui de la famille elle-même. En effet, jusqu’à quel point l’élu.e composera-t-il/elle avec des vents contraires qui détourneront ou poseront obstacles à son entrée dans la famille ? Que ce soit les enfants adultes, la fratrie ou même les parents âgés, tous et chacun peuvent se montrer protecteurs et plus ou moins accueillants envers cette personne que l’on souhaite intégrer à notre cercle familial. De nombreux films en font d’ailleurs la parodie.

En terminant, cette réflexion sur différentes facettes de la disponibilité à rencontrer ne prétend pas dresser une liste exhaustive de celles-ci. Il est probable qu’une fois le texte en ligne, d’autres considérations me viendront à l’esprit. Bien que l’inscription à un tel service puisse sembler rimer avec un désir de rencontrer, c’est en fait l’occasion d’entrer en contact avec sa propre disponibilité. En ce sens, les sites et les rencontres de groupes lors d’événements sportifs sont des lieux d’apprentissages personnels et relationnels importants qui contribuent à l’évolution de la disponibilité à rencontrer.

Note : Ces propos reflètent le point de vue de l’auteure et n’engagent que cette dernière. L’auteure ne reçoit pas de rétributions pour ses textes, dont elle conserve les droits. Ces textes ne constituent pas une publicité en faveur ou en défaveur des sites de rencontres.

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